Première édition d’une rubrique présentant des phrases ou expressions qui ont le don de m’agacer. Ou l’éternelle confrontation entre l’émetteur et le récepteur.
De quoi s’agit-il ?
Au risque de m’attirer les foudres de beaucoup, j’ai décidé d’ouvrir une rubrique intitulée « Les phrases à la noix ». Expression à la fois gentille et provocatrice. En fait, je cible plus particulièrement celles des formules utilisées abondamment qui ont le don de me hérisser le poil.
Il en existe de tous genres. Mais j’ai retenu celles qui, année après année, m’interpellent le plus. Si vous y réfléchissez, vous en trouverez bien plus que moi. Probablement sera-t-il difficile d’être du même avis sur telle ou telle.
Et c’est justement ces diverses perceptions qui sont intéressantes. Là, c’est à vous de jouer dans cette rubrique que je reprendrai de temps à autres.
La phrase du jour
« Tout est dit. »
Sur LinkedIn depuis 2013, j’ai découvert cette expression en 2015. Disons, du moins, que je n’y avais pas prêté attention auparavant. Elle figurait dans le premier commentaire d’un post contenant une très longue liste des traits caractéristiques permettant supposément de reconnaitre un pervers narcissique. Ce sont probablement ces deux faits – la longue liste et le commentaire n°1 – qui ont généré ma réaction. J’ai non seulement retrouvé cette tournure écrite en maintes occasions, mais également, parfois, prononcée à la télévision, plus particulièrement sur des chaînes d’information dite continue.
Comment je la reçois ?
Je ne la reçois pas bien, vous l’aurez compris.
Tout d’abord, le post m’avait interpellé : le danger, avec les longues listes, et surtout sans aucune explication des différents éléments, est qu’elles contiennent, souvent, des contradictions. Or, c’était bien le cas ici.
Ensuite un tel commentaire – même si ce n’est pas l’intention de son auteur – m’agresse. Je le traduis ainsi : « Fin de la discussion ! » ou encore « Circulez, il n’y a rien à voir ». Donc, s’il n’y a plus rien à dire – et est-ce bien le cas ? -, je n’ai plus qu’à me taire. Je me doute que ce n’était pas voulu. Mais n’oublions pas qu’il y a l’émetteur ET le récepteur, lesquels ne se trouvent pas obligatoirement sur la même longueur d’ondes au même instant.
Enfin, cette formulation peut s’avérer dangereuse. Prenons un cas concret relativement simple :
@2023olivierdouin, Jordanie – Le recul de la Mer Morte (en 2023 au niveau des cabines)
– A l’occasion d’un voyage en Jordanie, je longe la Mer Morte.
– Le guide nous explique que le niveau de celle-ci baisse fortement et régulièrement (cf. la photographie ci-dessus) en raison de l’installation d’un barrage israélien détournant le cours du Jourdain.
– Nous pourrions donc nous contenter d’un « Tout est dit ! Fin de l’histoire ».
– Sauf qu’en creusant un peu, je découvre que la Jordanie exploite, dans la même zone, du phosphate. Ce qui nécessite beaucoup d’eau.
Tout cela pour dire que les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles le paraissent.
Et pourquoi ne pas plutôt écrire ?
Quelque chose comme : « En ce qui me concerne, je n’ai rien à ajouter ».
Ou, de manière plus percutante « Bravo ! Je n’ai rien à ajouter ».
Au moins, le rédacteur s’engage seul et n’implique pas les autres…
Et vous, comment la percevez vous ?
Photo en en-tête : @2023olivierdouin, Jordanie, musée de Pétra, Méduse