Vous avez aimé la déconnexion, vous adorerez l’hyper déconnexion. Très bonne année 2019 !
L’hyper déconnexion : le cadeau de Noël
« Tant va la cruche à l’eau… »
Mon emploi du temps, au cours du quatrième trimestre 2018 a été passablement dense. J’ai, en effet, enchainé les déplacements et multiplié les échanges. Ordinateur et smartphone ont été particulièrement sollicités.
Jusqu’au vendredi 21 décembre en fin d’après-midi.
Ce jour-là, sur ma lancée, je poursuis une longue série de mises au point. J’en suis à l’ultime échange professionnel lorsque mon interlocuteur me prend de cours : il me présente ses vœux, me souhaite de bien me reposer et… m’invite à mettre en pratique mes propres principes sur la déconnexion. Faisant référence à un article que j’ai publié sur mon blog le 29 août 2018 ; et qui se trouve ici.
Pris par surprise, je l’avoue, je réfléchis rapidement. Je n’ai aucune urgence au feu. Certes, j’avais imaginé profiter de la trêve hivernale pour régler calmement quelques dossiers. Mais ma décision est sans appel : pendant les deux semaines qui viennent, je débranche.
Hyper déconnexion : faits et réalité
Que peut-on déconnecter ?
Soyons honnête, l’idéal serait de véritablement tout couper.
Seulement, sauf à se rendre sur une île déserte ou à vivre en ermite dans quelque lieu ignoré des ondes électromagnétiques, c’est mission quasiment impossible. Du fait de ses proches, notamment de ceux que l’on ne voit qu’en certaines occasions : « que penses-tu de ? », « à propos de, je pense que… », etc. Du fait de cette pénible américanisation qui a vu l’apparition sur les lieux publics (dans certaines salles de restaurant, de salles de petit-déjeuner dans les hôtels…) de poste de télévision (avec ou sans le son…). Du fait, encore, de certaines circonstances qui s’invitent.
Comme je l’avais déjà évoqué dans l’article mentionné plus haut, il faut donc faire des choix. Et choisir c’est renoncer. Mais, dans un processus d’hyper déconnexion, chose surprenante, la démarche est plus aisée : il s’agit de ne conserver que l’indispensable.
Dans mon cas :
- mes seules rencontres ont été avec des proches ;
- je n’ai eu d’échanges, oraux ou écrits, qu’avec quelques amis ;
- j’ai ignoré les courriels collectifs ;
- je n’ai répondu à aucun appel téléphonique provenant d’un numéro inconnu (mais d’où vient cette habitude de ne pas laisser de message ?) ;
- j’ai également zappé la totalité des réseaux sociaux, sauf dans le cas de messages personnels ;
- je n’ai absolument rien ouvert qui, de près ou de loin, semble avoir un lien avec le travail ;
- je me suis efforcé de considérer la télévision comme un outil de divertissement ce qui, dans mon cas, signifie films ou séries ;
- quant à la radio, cela fait des années que la mienne est réglée sur France Musique. Il y a, certes, quelques minutes consacrées à l’information. Mais leur nombre réduit, parfaitement optimisé, est amplement suffisant.
J’ajouterai que j’avais commencé à envoyer mes vœux une semaine auparavant. Et que j’ai décidé de reprendre après la coupure. Après tout, n’avons-nous pas jusqu’au 31 janvier ?
Qu’ai-je retiré de cette hyper déconnexion ?
Tout d’abord, une grande détente. Douce musique que cette sorte de silence.
Ensuite j’ai retrouvé du temps.
- Du temps pour les autres d’abord.
- Du temps pour moi, aussi.
- Du temps pour se promener, pour visiter, pour retrouver dans un musée – dans ce cas le Musée des Lumières Didier Diderot de Langres (52) – quelques auteurs et ouvrages fondateurs et quelques phrases à méditer :
« Sapere aude ! » « Ose savoir » (Emmanuel Kant – 1784).
« Celui qui pourrait nous contraindre au bien, pourrait aussi nous contraindre au mal. Un premier despote juste, ferme et éclairé est un fléau ; un second despote juste, ferme et éclairé est un fléau plus grand ; un troisième qui ressemblerait aux deux premiers, en faisant oublier aux peuples leur privilège, consommerait leur esclavage. » (Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron – 1779)
Enfin, j’ai particulièrement apprécié d’avoir également le temps… de ne penser à rien.
Qu’ai-je manqué ?
Je l’admets, la réponse à cette question est entièrement personnelle : chacun a ses centres d’intérêt, après tout. Cependant à y regarder de près :
- à moins d’être directement impliqué, qu’y avait-il dans les informations qui ne puisse attendre quelques jours ? Sachant qu’il est aisé de retrouver l’original… en se connectant ;
- à moins de faire du business à cette période de l’année, à quoi bon consulter sa boite aux lettres professionnelle ? En cas de véritable urgence, reste le téléphone… et la messagerie vocale ;
- à moins d’être dépendant aux pugilats, pourquoi perdre son temps à lire ces nombreux échanges sur les réseaux sociaux où il s’agit souvent plus d’un combat d’égo que de propositions constructives étayées de réflexions argumentées ? Quant à ceux véritablement intéressants, pourquoi ne pas les sauvegarder pour les lire plus tard, tout simplement ?
Conclusion
Il est, très certainement, plus facile pour certains que d’autres de pratiquer, de temps à autre, l’hyper déconnexion. Mais, au regard du bénéfice, cela vaut la peine de la considérer.
Ma vie professionnelle m’a, parfois, éloigné longtemps de certains sujets. En dehors des questions personnelles, je n’ai jamais eu l’impression que cela avait bouleversé mon existence.
Tout le monde prétend courir après le temps. Prétexte ou réalité ? S’il s’agit d’un simulacre, et bien soit. Si c’est avéré, pourquoi donc ne pas se prendre en main, seul et collectivement, pour apprendre à le rattraper ? En commençant par oser l’hyper déconnexion.
« Pour avoir une vision de long terme et la traduire au plan stratégique, il faut prendre le temps de la réflexion et, quoi qu’il arrive, cela nécessite des moments de calme, de silence, de conception puis de rédaction, pas seulement de réaction ». (Général d’armée Pierre de Villiers, Qu’est-ce qu’un chef ? – 2018)