Reprise d’un article de 2017 sur un sujet d’actualité mais qui peut se révéler fort utile dans bien d’autres circonstances. Comme, par exemple, dans le monde de l’entreprise.
Pourquoi cet article ?
Le 24 janvier 2017, j’ai publié sur LinkedIn l’article ci-dessous. Le contexte : l’élection… de Donald Trump et son investiture. L’objet : l’équipe de transition. Comme à l’époque mais, il faut bien le reconnaitre, dans des circonstances fort différentes, ce sujet est abondamment évoqué. Comme à l’époque, je me suis dit qu’il pouvait se révéler intéressant bien au-delà de la vie politique comme illustré dans l’article.
Quant à son usage dans la passation de pouvoir entre les présidents des États-Unis, il remonte… aux origines. En effet, il fut institué par le premier d’entre eux, à savoir George Washington. Ce dernier, d’ailleurs, pourrait presque être considéré comme l’un des « pères fondateurs » du RETEX (retour d’expérience) : n’avait-il pas mis à profit les enseignements de la guerre d’Indépendance dans nombre de décisions qu’il prit comme président (lire à ce propos « George Washington’s war – The forging of a revultionary leader and the American presidency » de Bruce Chadwick).
Pour ce qui est de l’article, j’ai choisi de le reprendre tel quel. Il est clair qu’il pourrait être largement revu, augmenté et détaillé. Mais ceci est une autre histoire.
Article de 2017 (texte intégral)
Ces derniers mois, il a beaucoup été question de l’équipe de transition (transition team) dans le cadre de l’élection du nouveau président des États-Unis. Ce concept intéressant peut être avantageusement transposé en de nombreuses occasions comme le montrent les quelques exemples suivants.
1. Je prends mes fonctions
Il s’agit de l’usage classique qui correspond au cas de figure mentionné ci-dessus : l’équipe montante mène une série d’entretiens avec celle qu’elle va remplacer pour se mettre au courant des dossiers.
La transition team peut être constituée d’un mixte des deux équipes ou encore des principaux responsables d’un organisme qui s’apprête à accueillir son nouveau patron. Ce cas de figure correspond parfaitement à la prise de fonction d’un nouveau patron d’entreprise.
2. L’entreprise évolue
En 2008, TRADOC changeait de chef. US Army TRADOC, soit le commandement de l’entrainement et de la doctrine de l’armée de terre américaine, a des effectifs proches de ceux de l’armée de terre française répartis au sein d’une quarantaine d’organismes. Son chef est un des adjoints directs du chef d’état-major de l’US Army.
A cette occasion, l’équipe de transition mise sur pied a œuvré pendant les quatre mois qui précédaient la passation de commandement. Son rôle est synthétisé ci-après.
- Faire le point des principaux dossiers (mission analogue à l’objectif décrit dans le premier exemple).
- Rencontrer l’ensemble des interlocuteurs de TRADOC, c’est-à-dire :
- les instances supérieures (la holding, en quelque sorte) ;
- les organismes bénéficiaires (les principaux clients et les partenaires) pour étudier la demande, les possibilités d’évolution de la coopération, de nouvelles offres de service ;
- les organismes subordonnés (les filiales) pour envisager les évolutions possibles.
- Aider le futur chef à préparer son plan d’action.
Dans ce contexte, l’équipe de transition se composait de membres du quartier général de TRADOC (le siège) et des principaux organismes subordonnés, ce qui permettait de couvrir l’ensemble du spectre.
3. Un projet innovant voit le jour
J’ai vécu en direct les deux premiers exemples : bénéficiaire du premier en 2002, spectateur du deuxième en 2008. Impressionné par l’efficacité de ce dernier, je l’ai repris à mon compte en l’aménageant en 2009.
Cette année-là, j’ai reçu pour mission de mettre sur pied au profit de l’armée de terre française un organisme entièrement nouveau. Cette création était assez particulière : elle se produisait dans un contexte de déflation des effectifs, ce qui pouvait choquer certains ; la mission consistait à effectuer des contrôles, ce que peu de personnes apprécient en première approche.
J’ai donc mis sur pied ma propre transition team avec les quelques experts qui m’avaient été adjoints et, à l’occasion d’un véritable tour de France, nous avons rencontré l’ensemble des commandements supérieurs ayant un lien avec notre mission, ainsi que l’ensemble des commandements bénéficiaires.
L’objectif était triple :
- présenter le futur organisme ;
- recueillir les conseils et idées de nos interlocuteurs en fonction de leurs expériences propres ;
- être perçus de manière positive et démontrer l’état d’esprit pédagogique qui allait être le nôtre avant de débuter les contrôles.
Cette démarche nous a permis d’affiner notre méthodologie et de dégager un certain nombre d’idées que nous avons ensuite adaptées. Elle a grandement aidé à nous faire rentrer favorablement dans le paysage.
Conclusion
Le concept d’équipe de transition est un outil qui peut rendre de grands services et les possibilités semblent infinies. A chacun de le ciseler en fonction du contexte et de ses objectifs. Dans tous les cas, au-delà de la traditionnelle obtention de l’information, il favorise le dialogue et la connaissance mutuelle, il permet de capter des idées innovantes ou encore de commencer à tester les siennes dans un schéma de type design thinking.
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