Certains ont toujours raison. Mais pas tout le temps.
Einstein avait été charmé par la façon dont Bohr « exprimait toujours ses opinions comme quelqu’un en perpétuel tâtonnement, jamais comme quelqu’un qui [se croit] en possession d’une vérité définitive » (Kaid Bird & Martin J. Sherwin, Robert Oppenheimer. Triomphe et tragédie d’un génie, le Cherche Midi (2023), p. 93, note 55)
De quoi s’agit-il ?
Cette phrase est extraite du livre publié aux États-Unis en 2005 qui a inspiré le film Oppenheimer de Christopher Nolan sorti en 2023.
Elle fait référence à une époque où, à Cambridge, les étudiants en science – notamment en physique, chimie et mathématiques, échangeaient souvent avec vigueur et certitudes. Et, comme il s’agissait de certains des plus brillants, nombre d’entre eux possédaient la conviction d’avoir raison. Nous pouvons donc comprendre que la manière d’être de Niels Bohr offrait un contraste fort avec celle de ses congénères.
Ce type de comportement n’avait rien de nouveau. A croire qu’il fait parti de la nature humaine. D’autant qu’il perdure alors que les contradictions avérées (vérités historiques, découvertes scientifiques, faits…) ne manquent pas.
Qui ?
D’ailleurs, nous le constatons tous les jours :
- dans le monde de la politique
- dans celui des médias
- au travail
- entre nous
- sur les réseaux sociaux…
Je n’échappe pas à la règle. Un souvenir du milieu des années 1980 m’a marqué (la preuve). Lors d’une soirée au coin du feu, nous sommes une quinzaine et la discussion démarre bien. De nombreux sujets sont évoqués. Il se trouve que la plupart d’entre eux me sont familiers. Donc, tout naturellement, je réagis à chaque fois. Jusqu’à ce que quelqu’un me lance, après quelques heures « c’est incroyable, il faut vraiment que vous sachiez tout sur tout ? ».
Pourquoi ?
En fait, les motivations varient suivant les individus :
- écraser les autres
- imposer ses idées
- paraitre
- défendre son point de vue
- apporter des éléments…
Donc
Mais, force est de constater que, qu’elles qu’elles soient, elles ont un effet souvent, parfois, (presque) toujours négatif. Sauf pour ceux qui adhèrent les yeux fermés sans le moindre sens critique ou ignorent tout du mot « nuance ». Peu d’entre nous sont capables d’adopter l’attitude de Niels Bohr. Mais un minimum de doute ne ferait de mal à personne. Car, à l’évidence, la vérité est ailleurs :
Ce que l’homme appelle vérité, c’est toujours sa vérité, c’est-à-dire l’aspect sous lequel les choses lui apparaissent. (Platon)
Photo en en-tête :@2015olivierdouin. Au lac de Gerardmer, le 14 juillet.