Le thème de l’IITSEC 2018 était : « Launching innovation in learning: ready, set, disrupt ». L’objectif est-il atteint ?
L’IITSEC ou Interservice/ Industry Training, Simulation and Education Conference, est véritablement le salon mondial de la simulation. L’édition 2018 se déroulait, comme toujours, à Orlando, aux États-Unis. Cette année du 26 au 29 novembre. Pour les généralités sur cette dame âgée de 52 ans, je vous propose de vous reporter à mon article sur l’IITSEC 2017. Pour la suite, voyez ci-après.
L’IITSEC ou le reflet des grandes évolutions
Le thème de l’IITSEC 2018 était : « Launching innovation in learning: ready, set, disrupt ». Cet intitulé est résolument offensif et les trois derniers mots retentissent comme le célèbre « à vos marques, prêts, partez ! ». Quant au mot « innovation », il est indubitablement d’actualité, dans l’esprit de l’Agence pour l’innovation de défense récemment créé en France.
Pour autant, peut-on parler d’innovation pour l’édition 2018 ?
D’une manière générale, les versions précédentes ont reflété différentes tendances fonction :
- des buts à atteindre (l’interconnexion des simulations, la mise au point de l’outil de simulation à tout faire…),
- des évènements (la réponse aux attentats du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme…),
- des percées scientifiques et technologiques (croissance exponentielle de la puissance des calculateurs, miniaturisation, définition des écrans de plus en plus fine et taille de plus en plus grande, recherche médicale…).
Elles ont également marqué les changements de priorité :
- de l’entraînement individuel au travail collectif et collaboratif,
- de la formation en général à l’apprentissage à distance,
- du travail sur site à l’utilisation distribuée des systèmes…
Elles ont, enfin, vu l’arrivée, notable à partir de 2006, des jeux sérieux ou serious games. Ces derniers ont, depuis, conquis leurs lettres de noblesse.
Finalement, le mot important dans le thème de l’IITSEC 2018 était bien « launching ». Certes, ce salon, fortement axé sur la visualisation, a raisonné au son de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée, du big data et de l’incontournable intelligence artificielle. Mais, surtout, il a constitué une sorte d’introduction, le lancement de la tendance qui marquera les quelques années à venir.
IITSEC 2018 : quelques morceaux choisis
- Tant au plan politique que militaire, les États-Unis reconnaissent qu’après deux décennies de suprématie, leur supériorité est de nouveau contestée, notamment par des États « en quête de revanche ». Ceci n’est pas sans conséquence sur les capacités militaires, donc sur les systèmes de simulation et sur leur emploi.
- Il est impératif d’améliorer tant les processus (expression du besoin, acquisition, etc.) que les capacités d’appui à la préparation opérationnelle. En effet, cette dernière, après une longue période marquée par les caractéristiques de la guerre froide, a basculé dans deux décades entièrement dédiées à la lutte contre le terrorisme. Il s’agit, aujourd’hui, de retrouver des savoir-faire du passé sans pour autant perdre ceux récemment acquis.
- La coopération, interarmées comme interalliée, est plus que jamais à l’ordre du jour. Il en résulte un besoin accru d’architectures ouvertes, de standards communs, de partage des données géographiques… Il est donc primordial de trouver la solution aux problèmes de sécurité qui constituent l’un des obstacles majeurs à la pleine interopérabilité des systèmes.
IITSEC 2018 : et l’innovation dans tout ça ?
Malgré les nombreuses avancées démontrées cette année, il n’est pas certain que l’innovation ait véritablement été la marque de l’IITSEC 2018. Cependant, il semble bien qu’elle soit juste derrière la porte.
- Au plan technologique, les travaux en cours sont plus que prometteurs.
- Pour ce qui concerne l’emploi des systèmes, il n’y a qu’un pas à franchir. Si on considère, par exemple, l’entraînement, il suffit de mettre désormais l’accent sur les zones urbaines ou, tout simplement, de faire en sorte (donc admettre) que l’entraîné échoue systématiquement pour en retirer un maximum d’enseignements.
- Quant au business, il s’agit maintenant de rechercher et de mettre en œuvre les partenariats les plus productifs possibles.
Pour compléter, je citerai les mots de l’amiral Grady (US Navy) prononcés lors de la cérémonie d’ouverture :
« La victoire n’appartient pas à celui qui trouve un nouveau système le premier. Elle appartient à celui qui l’adapte le mieux au besoin opérationnel ».
Je pense que ceci peut être transposé à l’envie.
IITSEC 2018 : que sont devenus les vétérans de 2017 ?
Édition après édition, il n’est pas rare que des systèmes disparaissent du paysage. Les raisons sont multiples. Cependant, une disparition d’une année sur l’autre interpelle toujours. Revenons sur ceux mis en lumière l’an passé.
- La caisse à sable numérique de NEXTER poursuit sa progression, notamment avec le couplage à la simulation constructive SWORD de MASA.
- EXONAUT de 4C Stategies a fait de nouveaux adeptes, en l’occurrence l’armée de terre canadienne. Des essais de couplage avec SWORD, déjà cité ci-dessus, se sont révélés particulièrement prometteurs.
- VELOCITY de PRESAGIS a connu des avancées notables démontrées lors de l’I/ITSEC, notamment après avoir craqué la limite des dimensions du terrain modélisable et réussi à accéder à l’intérieur des bâtiments de la ville modélisée en 3D. Mais VELOCITY ne s’arrêtera pas là : travaux en matière d’utilisation de l’intelligence artificielle, partenariat annoncé pendant le salon avec Epic Games, etc.
Conclusion
Une nouvelle saison de l’histoire de la simulation a donc débuté à l’occasion de l’IITSEC 2018. Les mots clefs sont connus : ce sont désormais ceux utilisés tous les jours. Il est donc légitime de s’attendre à des innovations au plan technique. Dans le même temps, il ne faut en aucun cas négliger l’innovation en matière de processus ; ni la mise sur pied de partenariats intelligents.
Pour un nouvel épisode, rendez-vous à l’IITSEC 2019, du 2 au 6 décembre. Toujours à Orlando.